Construire une politique de la ville robuste
L’importance de l’impact collectif pour renforcer la coopération
Dans un contexte où les Quartiers de la Politique de la Ville (QPV) sont en première ligne face à des défis sociaux, économiques et écologiques de plus en plus imprévisibles et violents, il devient essentiel de donner à voir ce que produit la Politique de la Ville afin de démontrer que ses principes sont toujours d’actualité et plus que jamais nécessaires.
Pour la rendre encore plus forte qu’elle ne l’est, un changement de paradigme s’impose : sortir d’une logique de réparation et de contrôle pour adopter une approche plus systémique, qui valorise la diversité des acteurs et des solutions, plutôt que de chercher à tout optimiser ou uniformiser. Cette approche ouvre la voie à une nouvelle manière de concevoir les quartiers : des « quartiers robustes », capables de faire face aux fluctuations à venir en misant sur la coopération et la flexibilité.
Dans ce premier article, auquel succéderont deux autres, nous proposons d’introduire la notion de robustesse comme une porte d’entrée possible pour repenser l’action publique.
La robustesse : un levier pour stabiliser les quartiers
La robustesse repose sur la diversité et la redondance pour mieux absorber l’incertitude et favoriser l’adaptation. Il s’agit ici de stabiliser les QPV en investissant massivement dans la coopération, plutôt que dans la simple réalisation d’actions auto-suffisantes. Des quartiers où les interactions humaines seraient privilégiées face à la recherche de performance, à la logique des indicateurs et à la course au « toujours plus ». Des quartiers où la mise en synergie des acteurs et de leurs actions permettrait moins d’efforts pour plus d’effets.
Mieux encore, la robustesse nous invite à investir dans les marges pour innover. Elle nous enseigne que les systèmes complexes ne basculent pas sous l’impulsion du centre, mais bien sous l’effet des marges, à l’image des nuées d’oiseaux ou des bancs de poissons.
Le changement ne vient pas d’une force centrale dictant la transformation, mais bien des marges, où l’expérimentation et l’adaptation se développent.
Ceux qui vivent en marge absorbent les plus fortes perturbations, ce qui les rend résilients et capables de s’adapter à de nombreuses situations – souvent sans en avoir pleinement conscience, car les croyances dominantes nous poussent à penser le contraire.
Mais comme le disait Jean-Luc Godard :
« C’est à la marge qu’on tient la page. »
Soutenir les initiatives marginales, bien qu’aujourd’hui minoritaires, peut structurer l’avenir et démontrer que les quartiers souvent perçus comme « à la marge » sont, au contraire, ceux qui peuvent nous offrir les meilleurs exemples de robustesse.
Il y a fort à parier qu’ils seront les mieux préparés aux crises à venir et qu’il faudra s’en inspirer pour imaginer un nouveau modèle socio-écologique, qui s’imposera rapidement à nous.
Cette vision prometteuse et porteuse d’espoir rend hommage à l’engagement de tous les acteurs de la politique de la ville et à leurs habitant·es.
Matthieu Piegay
Si cet article vous a plus, rendez-vous prochainement pour le deuxième sur L’impact collectif : un levier pour faire le test de la robustesse dans les Quartiers.